23 Juin 2012

Quand il est arrivé au cours, il ne devait pas avoir plus de sept ans.
Il ne savait pas se servir de son corps, de ses poings, de ses pieds. L’espace lui semblait étranger, il ne savait pas se l’approprier, il était incapable de bouger sans penser à ses gestes. Il était lent, il n’osait pas, s’épuisait de trop de retenue. Il n’aimait pas que je lui montre comment serrer le poing, sa main dans la mienne pour placer son pouce sous ses petits doigts repliés. Il n’aimait pas une main sur l’épaule ou dans le dos pour l’aider à une technique. Il n’aimait pas le combat parce qu’il n’aimait pas qu’on le touche, mais quand ça arrivait, il se fichait d’avoir mal. Il n’aimait pas les katas, parce qu’il n’aimait pas qu’on le regarde. Alors il regardait par terre et se perdait. Il ne savait plus où il était, ne savait plus ou aller. Il s’immobilisait en se mordant la lèvre, essayait de se rappeler s’il devait avancer ou reculer. Il perdait l’équilibre à force de se demander comment rester debout.
Il n’était jamais tout à fait là, le regard vers nulle part, il paraissait s’absenter de lui-même.
Il ne disait jamais rien.
Un jour, je lui ai passé une médaille de bronze autour du cou, et je l’ai embrassé comme les autres enfants, pour lui souhaiter de bonnes vacances. Il a eu un frisson, il n’aimait pas qu’on l’approche.
Mais il ne disait rien.
Les enfants sont partis. Le prof et moi on a rangé la salle. On s’est dit qu’il avait changé, qu’il évoluait tout doucement, et qu’un art martial c’était bien pour lui.
Et on a fait le calcul des années de prison qui restaient à purger à son père.
Peut-être encore dix ans.
Et on s’est demandés s’il serait capable de lui casser la gueule à sa sortie.

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B. Desforges

#ailleurs...

8 Mai 2012


Alors que tous les syndicats du monde du travail sont capables de s’allier, et quand la cause l’exige, concevoir des manifestations unitaires, les organisations syndicales policières, elles, s’appliquent à faire bande à part.
Malgré les protestations de l’immense majorité de leurs adhérents qui leur demandent d’unir leurs forces, au moins une fois, exceptionnellement, et de marcher main dans la main comme les policiers l’ont fait spontanément ces jours-ci, quasi quotidiennement, dans toute la France, et de manière souvent spectaculaire.

Rien à faire. L’un décide d’une date, et le second décide aussitôt d’organiser des rassemblements la veille. Consternant. Surfant l’un comme l’autre sur une colère qui avait jusque là été rigoureusement autonome, et que seules l’urgence et le sentiment d’injustice avaient guidée.
Ces flics-là, sans banderoles, libres de leurs slogans, sincères, solidaires comme jamais, n’avaient rien calculé. À force de déni, à force de se perdre à tenter de comprendre l’éternelle hibernation syndicale, ils ont choisi de porter seuls et sans attendre leur parole dans la rue.
Et ce fut une totale réussite.
Un mouvement qui fera date dans l’histoire de la police nationale.
Une fierté.

Quand on sait que la police est la profession qui peut afficher le plus haut taux de syndicalisation de France (pas loin de 80% contre 7 à 8% pour l’ensemble des salariés) on ne peut que déplorer un tel gâchis de forces, de volonté, de potentiel mobilisable… à croire que le but de ce syndicalisme éléphantesque n’a jamais été une mobilisation, bien au contraire.

Ces syndicats ne sont pas vraiment des représentants du personnel. À moins qu’il ne s’agisse de porter devant les commissions paritaires des dossiers de mutation et d’avancement triés selon des équations qui leur sont propres. Non, ces syndicats ont un fonctionnement pyramidal inversé : l’adhérent est prié de recevoir la parole du système, de l’accepter, et de constater la distorsion entre ses légitimes revendications - celles qui touchent essentiellement ses conditions de travail (politique du chiffre, effectifs, etc) qui n’ont cessé de se dégrader - et des victoires syndicales très relatives. Mais aussi écouter des promesses à long terme, ou celles qui sont tellement dites et redites qu’on finit par douter qu’elles ne se réalisent jamais, le temps de cotiser dans le vent quelques années de plus.

Tout ça ne peut plus fonctionner très longtemps. La crédibilité s’étiole. La "manif monstre" promise par le syndicat majoritaire n’aura jamais eu lieu, ou plutôt si mais sans lui. Il n’y a rien à regretter, lors du dernier rassemblement parisien, les consignes étaient de ne pas traverser la rue pour ne surtout pas gêner, et de rester muet devant les médias à moins d’être pourvu d’un mandat syndical.
Autant dire que le cortège sur les Champs-Élysées et les gyrophares des villes de France relevaient ce jour-là de la science-fiction...

Jamais le syndicalisme policier n’aura été plus ridicule qu’en mai 2012.
La preuve est aujourd’hui aveuglante que la préoccupation de ces gens-là est bien moins d’écouter ceux qui leur donnent un mandat, que de protéger le pré carré de leurs prérogatives systémiques. Et peu leur chaut de faire passer les flics pour des cons, divisés par leurs propres représentants, aux yeux de la population et des médias.

Jamais proposition aussi grotesque n’aura été faite que celle de réunir deux jours de suite sous des banderoles différentes, des professionnels pourtant animés du même état d’esprit et de la même urgence à vouloir préserver leur métier et dire haut et fort les difficultés à l’exercer.

Syndicalistes, une chose est certaine : quelque soit la mobilisation lors de vos rassemblements dissociés, le message que vous vous apprêtez à inscrire sur vos banderoles, et à dicter dans vos slogans, le message qui tentera de restaurer votre légitimité de représentation, le message de la difficulté à être flic, ce message-là est déjà passé.
Sans vous.

Bravo et merci aux quelques sections locales qui ont décidé, malgré la volonté des appareils syndicaux, de s'unir et placer leurs banderoles côte à côte le même jour.


mise à jour n°1:
(diffusion par mail, reçu ce soir)

lettre ouverte-syndicats


mise à jour n°2:

À cette question " Est-ce que tu viens aux manifs SGP et Alliance ? " :

Non je n’irai pas. Ni à l’une, ni à l’autre, ni aux deux. Pour moi, ces rassemblements n’ont pas de sens, ou plutôt si, un seul : pirater à bon compte l’énergie dégagée ces jours-ci et la portée des messages de colère.
En d’autres termes, c’est la quintessence de la récupération, et accessoirement le constat rassurant pour eux que vous pouvez ENCORE avaler des couleuvres et des slogans syndicaux, en vous rangeant sous leurs banderoles.
Parce qu’après tout, qu’est-ce qui les oblige à passer par la case manif pour se charger de vos revendications ? Rien. Absolument rien. Sinon, avoir le dernier mot, la dernière médiatisation, être les derniers interlocuteurs, et clore le mouvement.
C’est adroit, d’un coté ils rejoignent leurs adhérents dans la rue pour regagner leur cœur, opération séduction, d’un autre ils indiquent à l’administration qu’ils reprennent la main. Opération communication.
Parce que des manifs, c’est pas ça qui a manqué ces jours-ci, alors deux de plus où il vous faudra de surcroît applaudir des syndicalistes de bureau, je ne vois pas l’intérêt. Vous avez fait le job.
Leur urgence à eux, aurait été de se prendre par la main et de se poser autour d’une table entre syndicalistes, et avec l’administration, histoire de discuter, se demander comment on a pu en arriver à ce degré de ras le bol, pratiquer le difficile exercice de l’autocritique, et trouver des ébauches de solutions.
L’urgence n’était nullement de se proclamer porte-parole "pour tous et partout de la colère des policiers" - je dirais que ça va sans dire, qu’ils sont payés pour ça, et ça aurait fait l’économie d’un slogan de trop dans une frénésie de tracts - mais de l’être véritablement et sans attendre.
Les banderoles qui reniflent la naphtaline sont totalement superflues.
L’urgence syndicale est aujourd’hui une obligation de résultat allant dans le sens des revendications qui ont été dites tant de fois, qu’il n’y a pas besoin d’un seul gardien de la paix de plus dans la rue en guise de caution, avant de se mettre au travail, pas plus qu’il n’y a de temps à perdre à se tortiller sur les chaînes d’infos.
La logique aurait voulu un boycott total.
Le constat est un quinquennat d’insignifiance et d’immobilisme syndical avant un réveil contraint.
Vous êtes encore bien gentils de vous prêter à ce jeu de dupes.
Boycott.

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Bénédicte Desforges

#actu police, #syndicats

26 Avril 2012

Par SOLIDARITÉ avec les collègues du 93 :
Appel national à ne plus faire d’IRAS et de contraventions,
afin qu’ils puissent ENFIN se faire entendre.

Faire suivre à tous vos contacts policiers.


(texto à diffusion massive reçu aujourd'hui)

manifestation-policiers-Noisy-le-Sec avril2012 1
 

manifestation-policiers-Noisy-le-Sec avril2012 2

et enfonçage de clou par Marc Louboutin à midi sur Radio France :


manif DDSP93 24avril2012
Bobigny DDSP93 - 24 avril 2012


revendications-avril2012


manifestation-service-minimum-avril2012


manif Nice 27avril2012
Nice - 27 avril 2012 [video]


manif Montpellier 27avril2012
Montpellier - 27 avril 2012 - opération gyrophares [lien]

 

RASSEMBLEMENTS PRÉVUS :

. lundi 30 avril, 15h : Bobigny à l'ancienne DDSP93
mise à jour : Plus de 300 collègues étaient sur place (78, 75, 92, 93, 94, et aussi des policiers municipaux) Le collectif a été reçu par le préfet du 93. Une commission constituée de collègues sera mise en place. Les syndicats présents mais en retrait ne sont pas intervenus, laissant "le collectif 93" gérer.
. mardi 1er mai, 18h : Nice, 3ème mobilisation ! [Nice Matin] [France 3]
. mardi 1er mai : Evry devant la pref 91 [NouvelObs]
. mardi 1er mai : Lyon place Bellecour [NouvelObs]
. mercredi 2 mai, 13h : Nanterre devant la préfecture
. mercredi 2 mai, de 12 à 14 h : Marseille devant la préfecture
--- rassemblement en civil et sans gyrophare---
. mercredi 2 mai, 22h30 : Toulon place de la Liberté
. jeudi 3 mai, 13 h : Bordeaux devant le commissariat


Merci à Police-info pour son flux d'infos en temps réel !


Je compléterai cet article rapidement, et y rajouterai les compléments d'information nécessaires.
Les collègues sont évidemment libres s'ils le souhaitent, d'apporter les infos dont ils disposent, ou d'exprimer leur opinion dans les commentaires.

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Bénédicte Desforges

#actu police, #syndicats

15 Avril 2012

tweet-Trierweiler


* avec quelques raisons de ne pas y croire.

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