1 Mars 2012

Mise à jour :

Le cas des frénétiques débordements xénophobes et autres joyeusetés de Sidany Doutch, investie par le Front National pour les élections législatives 2012, repris par le Lab d’Europe 1, qui a pris contact avec le Front National, et a reçu des réponses pour le moins étonnantes...

Tous les interlocuteurs qu’Europe1 a eus au FN nient l’investiture de Sidany Doutch pour les législatives 2012.
Et ce, malgré la mention qui en est faite, entre autres, sur FN Infos, figurant dans la liste des sites officiels du Front National.
Mais aussi, comme l’indique Europe1, malgré la lettre d’investiture rédigée par Rémi Carillon, secrétaire départemental FN des Hauts-de-Seine, mise en copie sur la page facebook de Sidany Doutch et publiée par Fafwatch (si les instances du FN disent vrai, et vu leurs ardeurs procédurières, ils devraient déposer une plainte pour faux et usage de faux pour ce courrier à en-tête du Front National ?)
Et également, malgré sa précédente investiture aux cantonales 2011, ce qui témoigne que Sidany Doutch n’est pas totalement inconnue au Front National, et que la confiance de son parti lui a déjà été accordée dans le cadre d’une élection.

L’effet immédiat des frasques verbales de Sidany Doutch a donc été une négation collective de cette investiture, et un grand nettoyage (en cours, mais le cache de google est notre ami) des sites mentionnant son nom (le site mis en lien par Europe 1 hier a entre-temps été expurgé).

Mieux que ça, le site de la fédération Front National des Hauts de Seine, s’est vidé de tout son contenu (avantaprès) Il faut dire que ces temps-ci, les militants et candidats FN du 92 sont sous les feux de la rampe et mis à mal par le livre d’une journaliste infiltrée, laquelle d’ailleurs, s’était très vite vue confier des responsabilités, mais aussi proposer, dit-elle, une investiture dans le département.
Comme quoi ces investitures sont accordées n'importe comment à n’importe qui, avec un discernement très relatif…
Une taupe d’une part, une hystérique ordurière et raciste de l’autre.
Un électeur, fusse-t-il du Front National, peut tout de même rêver mieux que ça…
Mais aussi, et quoi qu’il vote, n’importe quel contribuable :

Une explication à ces investitures irresponsables, faites en dépit du bon sens et d’une essentielle discipline, à la va-vite et sans le minimum de vigilance nécessaire, est peut-être la course au financement des partis politiques [lien]
Les subventions publiques sont accordées à hauteur de 1.63 euros par suffrage obtenu, à la condition de présenter des candidats ayant obtenu chacun au moins 1% des suffrages exprimés au premier tour de la législative dans au moins 50 circonscriptions.
Sans oublier qu’une sanction financière est appliquée en cas de non respect de la parité hommes-femmes.
Bref. Il y a depuis cette loi, une débauche de candidats aux élections législatives, lesquelles se jouent à guichets fermés, avec beaucoup de figurants simplement là pour faire du chiffre.

Tout ça pour dire que ça me chagrine de n’avoir pas reçu de réponse de madame Arnautu, vice présidente du Front National et secrétaire régionale Ile de France, à qui j’ai adressé un mail la semaine dernière.
Mon message se terminait par une question simple :
« j’aimerais savoir si Sidany Doutch verra son investiture maintenue dans les Hauts-de-Seine. »

Je me fiche de connaître son avenir au Front National, c’est plutôt l’affaire de ceux qu’elle engage par ses propos et ses insultes, et il m’intéresse modérément de savoir si elle sera sanctionnée par son parti. À cet égard, j’ai juste l’impression de l’application stricte d’un "pas vu-pas pris"… pas vu médiatiquement, s’entend. Ça passe ou ça casse.
Ou en dernier recours, ça s'efface...

En revanche, savoir que l’argent public sert au financement de partis sur la base de tels petits arrangements entre amis, et qu'il existe quelque part en France des gens investis par un parti officiel, et assez abrutis pour s'imaginer une sorte d'immunité les autorisant à proférer de manière accessible des propos ignominieux, et de s'en féliciter, est bien plus dérangeant et signe de la très mauvaise santé de la sphère politique.

Alors, Madame Arnautu répondant aux  Inrocks peut bien noyer le poisson, mettre en garde, et s’émouvoir de la possibilité de personnalités fragiles ou borderline parmi ses ouailles, il m’est avis que tout électorat a droit au respect, et qu’au lieu de prendre le problème à l’envers, il appartient aux responsables du FN d’opérer des choix fiables, de les assumer, et au cas où, de se souvenir de l’invariable trajectoire du boomerang.

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Bénédicte Desforges

#au jour le jour

20 Février 2012

BleuBlancRouge

Vive Marine, vive la France mort aux rats !

Ce genre de race a tendance à durer, ils sont résistants c’est comme toute les raclures et les parasites tu t‘en débarasse jamais !!!

Sarko n’est même pas français, sa femme est la honte de la république, c’est une vrai trainée qui n’a aucun égard vis à vis des Français !!!

« On te parle pas parce que t’es conne et ça risque de t’instruire déjà enlève ta cape à moins qu’avec ça tu t’envoleras plus vite dans ton pays.
Maintenant dégages !!! »
(à une "muzz")

Ho la sale gueule (en parlant d’Eva Joly)

Tu veux dire une suceuse de première la Carla
 

Etc.
Le reste, les images et les réparties des bons amis sont sur FAFWATCH qui a fait là une pêche miraculeuse, et a bien voulu nous faire partager sa nausée, en mettant en ligne d’incroyables captures d’écran.
Ces extraits proviennent de la page facebook de Sidany Doutch, investie par le Front National pour les élections législatives 2012, sur la 8è circonscription des Hauts-de-Seine.

Il y avait la droite décomplexée, eh bien maintenant il y a Sidany Doutch et ses copains d’une droite extrêmement désinhibée.

Les commentaires et propos de Sidany Doutch et de sa clique se résument à une avalanche de propos orduriers, racistes, et déluge d’insultes ad hominem dès que l’occasion se présente sous la forme de tout ce qu’il y a à haïr et agonir pour ces militants et sympathisants FN.
Tout y passe…
Il y a potentiellement un procès en diffamation et injure publique toutes les deux lignes.

C’est ce qu’ils appellent la liberté d’expression, et cette liberté n’a pour eux aucune limite. Ni celle de la sphère privée, discrète, et inaccessible, ni celle de la loi.
Ils ne réalisent toutefois pas, qualitativement, de grandes prouesses d’expression, car une fois qu’ils ont clavioté et psalmodié leurs rengaines du saucisson pinard burka peine de mort quelle honte et pauvre France, il ne reste plus grand-chose du débat d’idées, sinon à s’adonner à l’injure et à l’outrance jusqu’au dernier pixel.

Tout ça est pourtant banal sur internet, les crétins incultes et haineux sont légion.
Ce qui l’est moins est que Sidany Doutch est officiellement investie par son parti pour les législatives de 2012 - ce qui, aussi insignifiante et pitoyable soit-elle, est tout de même une particularité qui fait envisager ces propos et "dérapages" différemment - et qu’elle semble se foutre de ce mandat comme de sa première nuisette.
Ou alors, tout ça fait partie du discours et de l’argumentaire fourni par le parti ? du folklore du FN ? Ou bien, le Front National permet des écarts, et octroie une marge de tolérance à ceux et à celles à qui est donnée une investiture, et la responsabilité de séduire un électorat ? Et là, c’est pas gagné…

Sidany Doutch prend aussi la pose devant l’objectif. En sous-vêtements. Et quand bien même, les photos ne seraient pas si glauques, vulgaires, et explicitement racoleuses, la candidate FN aux législatives 2012 ne semble pas se rendre compte de l’effet que tout ça produit. En tout état de cause, un effet bien plus consternant que celui que pouvait susciter la photo de l’ambassadeur de Tunisie que Marine Le Pen avait été débusquer sur le site Copains d’Avant.
« Pour l’honneur et pour la dignité des Français » avait alors dit Madame Le Pen ce jour-là, la photo à la main, en réclamant la démission du diplomate. [vidéo]


Pour l’honneur et la dignité des Français, pour le respect du suffrage universel, des électeurs, et des institutions de la République, pour l’image de la politique et de tous les engagements militants, Marine Le Pen saura-t-elle faire preuve de discernement et de cohérence, et renvoyer Sidany Doutch à ses dentelles et son Bescherelle, pour qu’accessoirement elle puisse se livrer à ses dérives insultatoires loin de la vie politique française ?

C’est une affaire à suivre.

[suite]

source : FAFWATCH

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Bénédicte Desforges

#au jour le jour

12 Février 2012

   L’autre jour, histoire d’éclairer ma lanterne citoyenne, j’ai eu envie de comprendre les élections différemment, apprendre ce que je ne sais pas des modalités sociologiques de ce fameux droit démocratique en France, et faire l’acquisition d’un livre tout récemment paru aux Presses de Sciences Po,  Le vote des Français de Mitterrand à Sarkozy, coécrit par cinq chercheurs, professeurs, tous experts en science politique, tous spécialistes en comportements électoraux et politiques, et en décryptage de l’opinion publique.
   À moins de trois mois des élections présidentielles, c’était le soir moment ou jamais.

   Je trouve ce livre sur internet, d’occasion comme neuf et à moitié prix, via le site d’une petite librairie parisienne sur Amazon.
Deux jours plus tard, je le reçois, effectivement comme neuf, jamais ouvert, sauf… la page de garde sur laquelle je découvre la dédicace d’un des auteurs à Frédéric Taddeï.

   Il faut savoir que quelques jours avant la parution d’un livre et dans le cadre de sa promotion, les services de presse des éditeurs, ou les auteurs eux-mêmes, envoient quelques exemplaires, de façon la plus pertinente possible, à des journalistes susceptibles d’être intéressés et d’en parler. Et avec un peu de chance, pour décrocher une invitation télé ou radio, ou une interview, pour exposer soi-même son travail.

   Je me fends d’un petit coup de fil au libraire pour lui demander s’il vend ainsi beaucoup de livres d’occasion comme neufs qui ont d’abord été adressés à des journalistes. Il me répond que oui, et j’essaye d’en savoir plus, lui précisant qu’étant moi-même auteur, il m’est plusieurs fois arrivé de trouver mes livres en vente avec leur page de garde arrachée. Ce à quoi il me répond - preuve que la manip est bien rodée - que Frédéric Taddeï contrairement à d’autres, ne donne pas de consigne particulière concernant les pages de garde qui lui sont dédicacées. Très exactement, il me dit « Il s’en fout. »
   Je tente encore de comprendre ce petit bizness du livre offert-revendu-dédicacé-jamais-ouvert, et il reconnaît que c’est un peu compliqué, que c’est une sorte de réseau, s’interrompt d’un coup pour me demander en quoi tout ça m’intéresse.
« Parce que, voyez-vous, je trouve pas ça "un peu compliqué" mais plutôt un peu honteux. Et je vais vraisemblablement écrire un petit truc là-dessus.
- Ah oui mais bon, je vous interdis de répéter ce que je vous ai dit !
- Et comment comptez-vous faire pour me l’interdire ? »

   Amusant, non ?
   Un journaliste qui bosse à la télévision (deux émissions sur France 3), à la radio (Europe1, puis France Culture) dans la presse écrite (Figaro Magazine), sur internet, et dont on doute fort que les fins de mois soient bien "compliquées", revend les livres qui lui sont offerts à titre professionnel.
   On se doute bien que ces gens-là ne lisent pas tout ce qui leur est envoyé, mais au moins qu’ils se débarrassent de leur stock de façon élégante, utile, qu’ils les offrent à leur tour, qu’ils les mettent à disposition de leurs confrères, collègues de travail, ou de bibliothèques.
   La déontologie et l’éthique de la presse sont déjà suffisamment mises à mal, sans en rajouter de façon aussi consternante.
   Mais non, il y a manifestement des revendeurs dans le circuit qui font l’affaire des journalistes crevards et sans le sou (je blague) et des radins (moi par exemple) qui calibrent au mieux en quantité et qualité leur budget livres. Les livres neufs avec une page en moins - sauf pour Frédéric Taddeï -  se trouvent donc à moitié prix grâce à eux : dans cette librairie [lien] on trouve même bradées des publications… du jour.

   Mais au-delà de ce minable petit trafic à la julot casse-croute, on observe aussi ce qui est considéré - ou non - comme une information digne d’être rendue publique, donc accessible au plus grand nombre.
   Ce qui figure dans ce livre, Le vote des Français de Mitterrand à Sarkozy, est véritablement d’utilité publique, et pleinement d’actualité. Il recèle tous les outils pour comprendre, interpréter, anticiper.

   Mais l’information grand public ne se danse pas comme ça.
Personne n’a parlé de ce livre.
Les experts ne sont pas de bons clients (comme disent les journalistes). Leurs livres - à cause de Frédéric Taddeï et de ses clones journalistes - restent dans l’ombre et leur lecture restreinte.
   Il y a des gens qui étudient des années entières, et le jour où leur travail sort des laboratoires et des universités pour qu’une connaissance, une méthodologie, une manière de penser intelligente et intelligible, deviennent accessible et à la portée de tous, les médias leur claquent la porte au nez et revendent leurs bouquins sans les avoir ouverts.

   L’information est un spectacle. Écrite, parlée, creuse et gonflée à l’hélium, mise en scène. La sobriété et l’expertise sont inaudibles. De la météo à la politique, il faut de la sensation forte et des mots qui percutent. Ad nauseam.
Pire, en période d’élection, l’information n’est plus que propagande. Serviles, les mots trichent et les propos mentent.
   Plus qu’à tout autre moment d’un mandat électif, il faut subir jusqu’à saturation des commentaires et "chroniques" politiques, qui relèvent bien davantage de l’opinion des uns et des autres que d’information au sens strict.
   Il faut assister aux bavardages, soi-disant débats d’idées, toujours les mêmes, petits rendez-vous de l’oligarchie médiatique des éditocrates, toujours les mêmes, tous ces gens qui ont pris possession de l’opinion publique, qui vocifèrent et s’engueulent à l’écran et dînent ensemble après le générique de fin.
   Et quand ce n’est pas cette clique qui vient servir la soupe de la politique spectacle, il faut prêter l’oreille à l’avis du n’importe qui du jour, baladé par un attaché de presse, qui a un disque, un record du monde, ou une biographie à vendre. Et qui n’a pas mieux à dire qu’un micro trottoir, mais participe avec satisfaction au brouhaha des opinions.
   Il faut rire du décryptage cynique supposément drôle de la politique, proféré par les faux impertinents des médias. Persiflage courtisan, et bouffons du roi, dramatiquement politiquement corrects à y regarder d’un peu plus près. Cette vision ricanante de la vie politique, qui finalement lisse chaque chose, la vide de son sens, l’apprivoise, et place l’ensemble à même niveau d’indigence intellectuelle et civique.

   Voilà ce qu’on fait passer pour de l’information.
Voilà qui sont ceux qui décident de l’importance relative des faits de société, des choses à dire, à taire, et des gens à qui donner la parole. Ou pas.
À croire que la lutte des classes se joue désormais contre une caste.
Et que cette lutte est celle de l’information et de la connaissance.
Contre la malhonnêteté intellectuelle.

CEVIPOF

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Bénédicte Desforges

#vies de livres, #ailleurs...