“vies de livres”

15 Mars 2010

Bénédicte Desforges

#vies de livres, #revue de presse

3 Mars 2010

Police Mon Amour

Et comme je ne suis jamais mieux servie que par lui-même...

source : Refais le Monde Avant Qu'il ne Te Refasse

 

“Police, Mon Amour” de Bénédicte Desforges
par Philippe Sage

   Or donc, trois ans après Flic - Chroniques de la police ordinaire, Bénédicte Desforges nous revient avec Police, Mon Amour – Chroniques d’un flic ordinaire.
   Après le recto, le verso.
   Et ça prend aux tripes, ça secoue, deux tons, gyrophare, pas de héros, que des regards.
   Une mémoire.
   Qui émeut, ébranle et balaie tous les derniers clichés ou autres idées reçues sur un métier, celui de gardien de la paix. Ces flics en uniforme dont on ne parle jamais. Ceusses qui patrouillent avec un gros “Police” dans le dos, les voici ! Et c’est pas du Julie Lescaut, du Navarro, abracadabrantesques séries “policières” sorties de l’imagination pénible de quelques scénaristes de troisième division, non ! Là c’est du brut, et de décoffrage ; c’est du réel. Et dont personne ne sort indemne. Pas même elle, pas même Bénédicte Desforges.

   “Police, Mon Amour” n’est pas la suite de “Flic”. Mais son aboutissement. Oh certes, on retrouve ce style, percutant, précis, à la virgule et au “poing” près ; ces “scènes”, ces “images”, ces “sons” qui se succèdent avec juste ce qu’il faut de mots, toujours les bons, ciselés, imparables ; oui, comme dans “Flic” elle va droit à l’os, Bénédicte, et pourtant quelque chose a changé, dans le ton, le regard, encore et toujours le regard. Il nous bouleverse, souvent. Nous déstabilise et nous déshabille. Voilà même qu’on se reconnaît, au détour d’une page, cet automobiliste, ce “sale con”, celui qui s’en fout, qui grille tout ce qu’il peut, celui qui ne sait pas, ne connaît rien de l’horreur, du désespoir, de ce drame survenu sur l’A86, cette femme, son bébé, ce gardien de la paix qui hurle, impuissant, putain aidez-moi ! Oui, cet automobiliste, on l’a tous été, au moins une fois.
   La route, ses accidents, terrifiants, cela fait partie du quotidien peu réjouissant d’un gardien de la paix. Comme garder une rue, déserte, toute une journée durant. Attendre. Compter les pavés. Funambule. Les fleurs, regarder pousser ou effeuiller, “un peu, beaucoup, à la folie”. Et puis, attendre encore. Un cortège présidentiel, qui jamais ne viendra. Ou alors pas de ce côté-là. Mais voilà que, déjà, ça repart, et pas qu’un peu, deux tons, gyrophare, un braquage, un différend familial, un suicide ; la routine ? Même pas ! On a beau avoir du métier, en avoir vu des “scènes”, des “images”, elles ne sont jamais les mêmes, tout le temps elles vous surprennent et vous cueillent. Y’a de quoi rendre carte, insigne et pétard, tant la brutalité est féroce, l’ingratitude est constante, et maigre, si maigre, la reconnaissance.
   Faut-il avoir les nerfs en acier trempé, une solidité à toute épreuve, et de l’humour, une sacrée bonne dose d’humour, aussi ! Parfois il éclate, complètement, pleine page, et ça fait du bien ! Ah, ce ministre de l’Intérieur qu’un collègue prend, en toute bonne foi, pour un acteur célèbre et zozotant ! Cette escapade à Londres ou encore cet attaché parlementaire prétendant que “tout le Parlement va aux putes”, que “la France entière se fait tailler des pipes”, un attaché parlementaire aux jambes étranges … Ça vous distrait des macchabées, carbonisés, éventrés, des chaussures qui saignent ou de ces têtes qui ressemblent à des pizzas. Du poids des corps. Et de celui des insultes. Ah, si encore le gardien de la paix pouvait compter sur sa hiérarchie, mais non ! Cette hiérarchie travaillée, obnubilée par le rendement, le “chiffre”, ou par un détail insignifiant, déplacé, à ce point que c’en est obscène. Plus encore que les “scènes”, les “images” et les “sons” que croise et se fade quotidiennement le gardien de la paix. Prolétaire de la rue. Prolétaire jusqu’au bout.

   Oh bien sûr, il s’en trouvera quelques uns pour dire que, oui, bon, c’est bien joli tout ça, mais enfin, cette police-là, c’est avant tout celle de Bénédicte Desforges ! Une police rêvée, parce qu’humaine, trop humaine ! Non mais attendez, à la lire, on en viendrait à l’aimer, la police ! Convenez que tout de même, c’est un peu fort de café !
   Sauf que, ce n’est pas une police rêvée, c’est juste une police qui s’en va. Qui a vraiment existé. Mais qui s’en va. Petit à petit. Une police qu’on démembre, qu’on désosse, qu’on brade. C’est cela qu’il faut lire, entre toutes ces lignes ; c’est cela qu’il faut comprendre, le danger qui nous guette, un avenir qu’a une sale gueule, Minority Report, police privée, où tout le monde en prendra pour son grade. Cette police, celle des Anciens, est en train de disparaître, et nous ne faisons rien. Assis sur nos canapés, confortables, regards vissés sur cette putain de télé. A préférer des Julie Lescaut ou des Navarro, quand ce ne sont pas les héros tristes et fatigués du cinéma éthéré d’Olivier Marchal.
   Voilà pourquoi ce livre (d'une belle littérature) est essentiel, urgent, un livre magistral, celui d’une femme qui aura tout donné, et qui, au final, la mort dans l’âme, sur la pointe des pieds, au matricule réduite, a quitté bien plus qu’un métier ; un amour. Éternel. Mais perdu.

”Police, Mon Amour – Chroniques d’un flic ordinaire” de Bénédicte Desforges - Anne Carrière Éditions - 4 mars 2010 [274 pages – 17,10€]

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12 Février 2010

flic-9mm

À J – 20 de la sortie en librairie de Police Mon Amour je vais vous proposer de gagner l’ultime exemplaire de Flic chroniques de la police ordinaire dans son édition originale.
Il s’agit d’un bouquin unique en son genre, une version personnalisée du modèle prototype, que je peux agrémenter d’une dédicace collector si on me le demande gentiment.

Ce livre – qui fut publié aux éditions Michalon en 2007 – est un livre mort.
Quand j’ai su que les éditions Michalon étaient en redressement judiciaire et couvertes d’une dette d’un montant qui jetterait quiconque au trou, et dans un rouge foncé et définitif auprès de la banque de France, il s’est pris un coup de 9 mm.
Le livre pas l’éditeur, hein.
Voilà donc le seul livre de la littérature française qui a un trou de balle.
(petit trou sur la couverture, et explosion sur la 4ème de couv’, une extase de la science balistique...)

Pour la petite histoire - et parce que l’argent n’est pas une chose sale, sauf bien mal acquis qui ne profite jamais, et à moins de s’établir aux alentours de la place de l’Odéon - je peux dire sans me couvrir la tête de déchirures de papier, que j’ai touché mes droits d’auteur 2007.
Mais cette somme loin d’être négligeable (à peu près deux ans de salaire de flic) a été très largement diminuée par les honoraires exorbitants d’un avocat spécialiste en droit de la propriété intellectuelle - catégorie pit-bull de sa profession - sans qui je n’aurais néanmoins rien récupéré du tout.
Quant aux droits d’auteur 2008 et suivants, à la question Mais où sont-ils ? je vous laisse deviner la réponse. Et très profondément. Et ça fait pas que du bien, oh non...
Je ne touche donc plus un kopeck depuis longtemps sur la vente de Flic, chroniques de la police ordinaire, initialement édité aux éditions Michalon, et tout auteur de bad-seller serait bien mal inspiré de clamer que j’ai quelque chose à vendre quand j’eus fait mon intéressante sur internet ou ailleurs. Que dalle. Flic, chroniques de la police ordinaire, c’est une paille, un mars et un voyage à Venise. Des clous, et merci les éditions Michalon.

Lequel Michalon racheté pour pas cher, s’est tout de même refait une santé et continue à éditer des livres. Sans aucun applaudissement des précédents auteurs victimes de sa petite entreprise, cela va sans dire.

Si vous n’avez toujours pas lu Flic, chroniques de la police ordinaire - ce qui est impardonnable mais ça ira pour cette fois - je vous invite donc très fortement à l’acquérir en édition de poche. Il est moins cher, les gens de chez J’ai Lu sont très gentils eux, c’est une édition augmentée de plusieurs histoires, il est joli comme tout, et comme son nom l’indique, il tient dans la poche.

Voilà.

Vous pouvez gagner le dernier original de Flic, chroniques de la police ordinaire en répondant correctement aux trois questions suivantes :

1 – dans quel service a exercé le gardien de la paix auteur de ce livre ?

2 – quel est le grade de l’officier auteur de Police Mon Amour ?

3 - de combien le compte des éditions Michalon était-il débiteur (source : huissier de justice) quand j’ai décidé de blesser mortellement le dernier exemplaire de Flic, chroniques de la police ordinaire ?


mise à jour du 30 mars 2010 , jour de dîner des cons :
Arrêtez de passer vos coups de fil à la con partout, et notamment chez mon (nouvel) éditeur. Valable pour vous et votre "soldeur".
Je ne retirerai pas ce texte, et puis quoi encore. Ça vous gêne ? Tant mieux.
Peut-être même y ajouterai-je des extraits de décision de justice.

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Bénédicte Desforges

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