“vies de livres”

6 Février 2008

  Ce week-end, avait donc lieu le Festival du Livre et de la BD de Bagnols-sur-Cèze. Comme on a fait beaucoup de jeux de mots foireux, autant commencer tout de suite : la Cèze est une rivière, et un roi (oui, on va dire que c’est un roi mais en fait je ne sais plus) traversant par un pont aurait dit « c’est très étroit » (prononcer tout haut) donnant ainsi son nom à la rivière. Voilà, ça situe un peu l’ambiance. À la fin du week-end, j’ai reçu le prix "coup de cœur" en catégorie Livres. Si je commence par la fin, c’est pour que vous commenciez à me jeter des fleurs pendant que je raconte la suite.
  J’ai pris le train avec Bob Garcia (Mais qui est ce Bob ?) et Hervé Nicolas, mais comme je ne les connaissais pas encore, je ne les ai évidemment pas vus. C’est donc un détail sans importance à ce stade du compte-rendu. J’ai voyagé seule avec La Boétie et son Discours de la Servitude Volontaire dont on ne se lasse pas.
  À la gare d’Avignon, on a retrouvé Jean-François, viticulteur bio et membre de l’association Pages-Cèze, et là aussi j’ai mis un temps fou à piger le jeu de mots (le surlendemain). Il nous a dropés à l’hôtel et ensuite on est repartis dîner en ville dans un resto tenu par un ex légionnaire russe tout balafré, où on a fait connaissance avec bon nombre des autres auteurs invités. Hervé, Bob (Mais qui est ce Bob ?) et moi, on est devenus inséparables autour du ti-ponch russe. Bob Garcia est un spécialiste de Tintin, de Sherlock Holmes, de polars, et il est l’auteur de très nombreux ouvrages (son site). Hervé Nicolas est l’auteur de L’Affaire Elfe (une aventure de Brakmâr le Viking). Bref, pas des feignasses comme moi.
  Le lendemain au salon, il y avait énormément de flics et de cruchots gendarmes qui se tiraient la bourre pour recruter un maximum de monde autour de leurs stands. Ils avaient chacun leurs méthodes. La police nationale présentait de grandes affiches avec de jeunes fonctionnaires très beaux, très lisses et très tronches-de-premier-de-la-classe, et les gendarmes avaient un Taser jaune et un faux cadavre blême. Au milieu de tout ça, il y avait deux artificiers démineurs qui n’ont eu de cesse de balader leur robot téléguidé, et manipuler des grenades offensives devant des enfants émerveillés.
  Gordon Zola nous a rejoints, et on a pu passer à la phase 2 de l’offensive loufoque. Gordon Zola est éditeur (Le Léopard Masqué) et auteur de plusieurs polars humoristiques et décalés (à paraître : La dérive des incontinents). Du coup on était quatre à la vie à la mort pour le week-end. Mais on n’a pas réussi à faire autant de bruit que N’Guyen Van Loc qui a fait rien que de piquer le micro de l’animateur pour crier que Le Chinois s’était vendu à un million d’exemplaires. Alors nous on faisait Pffff et on faisait comme si on ne le croyait pas. Pendant ce temps, les flics et les démineurs espionnaient le stand des gendarmes par-dessus la paroi avec des miroirs faits pour trouver des explosifs sous les voitures. J’en ai profité pour aller fumer une cigarette et coller un autocollant gendarmerie sur une voiture de police.
  Dans la soirée, Patrice Dard, fils et auteur de San Antonio, est arrivé. Avant le dîner, lui et André-Paul Duchateau (BD Rouletabille, Ric Hochet…) ont été capturés par les membres de la confrérie des Côtes du Rhône afin d’être enrôlés de force parmi eux après avoir fait des blind-tests de vins rouges. Ils ont été reçus et acceptés haut la main. Ça faisait comme un truc rituel de francs-maçons mais en plus rigolo, et putaing cong ils n’étaient pas tenus au silence ceux-là. De même que le saxo qui a fait une tentative de jazz in the vignoble complètement loupée, et c’est à ce moment que j’ai appris que Bob (Mais qui est ce Bob ?) était aussi contrebassiste et touchait sa bille en musique. Laurent Vicomte voulait qu’on aille fumer des clopes dehors, mais il faisait trop froid. Alors, on est tous rentrés dormir.
  Le lendemain, on a pris le petit déj tous ensemble, c’était sympa. Au petit matin, Gordon Zola et Patrice Dard étaient déjà déchaînés. La journée s’est déroulée épuisante et chaleureuse comme la veille, et mon petit FLiC a donc eu le prix.
  Le soir, nous sommes repartis à la gare quittant à regret l’équipe du Festival qui nous avaient si gentiment accueillis. La gare d’Avignon est très bizarre. Quand on est à l’intérieur, on se croirait dans Starship Troopers prêts à embarquer vers l’espace. Et il y a des femmes qui disent "embarquement immédiat" avec des voix de robots. Et quand on marche dans la gare, on a l’impression de monter alors que c’est plat. On était plus rassurés dans le TGV, revenant aux valeurs sûres avec des donuts Mac Donald’s dans le wagon-bar.
En arrivant à Paris, on s’est dit qu’on se reverrait.
Ça passe vite un week-end.
 

  

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Bénédicte Desforges

#vies de livres

29 Janvier 2008


Pour la 7ème édition de son Festival du livre et de la BD, les 2 et 3 février 2008, l'association bagnolaise Pages Cèze nous fera découvrir le milieu des enquêtes policières et de l'espionnage. Auteurs, romans, BD seront au rendez-vous entourés cette année par une scène de crime reconstituée, de matériel d'investigation, de la présentation des différents moyens scientifiques de recherche et d'intervention... Alors rendez-vous au complexe des Eyrieux pour un week-end plein d'énigmes...
 
Animations :

- La GENDARMERIE NATIONALE vous présentera une scène de crime et les méthodes de relevés d’indices et de preuves ainsi que du matériel d’investigation, 
- La POLICE NATIONALE vous présentera les moyens scientifiques d’investigation (portrait robot, empreintes, prélèvements, …) ainsi que du matériel d’intervention, 
- La SECURITE CIVILE vous fera découvrir le matériel de déminage (tenues, robot, …), 
- Exposition de miniatures de véhicules de Police et Gendarmerie de diverses époques, 
- Exposition d’un ancien véhicule de CRS des années 50 Exposition d’une collection d’uniformes de la Gendarmerie (SIRPA), 
- Exposition philatélique sur Tintin par Mr Jean-Louis Chautard,
- Interview des auteurs, 
- Exposition de création de planches de BD, de dessins et de maquettes papier réalisées par les enfants et adolescents du personnel de Melox sur le thème du festival, 
- Jeu « Enquête Policière » réservé aux enfants pendant les 2 jours avec remise de prix offerts par MC DONALD’S en fin de journée, 
- Point maquillage pour enfants avec les animatrices de MC DONALD’S, 
- Exposition de caricatures des personnalités locales et nationales par Gidé, 
- Remise d’un prix AREVA « Coup de cœur » à un auteur roman et à un auteur BD.
 
le site

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B. Desforges

#vies de livres

20 Décembre 2007

ben on ne la connaît pas, et on s'en fout !

Il y a des choses plus intéressantes que l’état-civil d’un auteur, non ?
Son livre, et ce qu'il y a écrit dedans par exemple… 
 


J’ai parlé du blog , juste avant que le livre sorte en librairie. Et comme j’avais aimé le blog évidemment j’ai aimé le livre. Et comme j’ai aimé le livre, j’ai suivi son actu sur la blogo et je me suis amusée des réactions des z'uns des z'autres.

Beaucoup de fans bien sûr. Mais j’ai relevé que ce qui intriguait pas mal de monde était la non-identité de Brad-Pitt Deuchfalh.
Brad-Pitt c’est le point d’interrogation. C’est un piapiapia récurrent dans la communauté des blogueurs. A un point que, souvent, du bouquin certains n’en retiennent qu’un anonymat qui agace.
Et c’est quand même marrant que dans un monde constitué presque exclusivement de pseudonymes et d’avatars, et qui s’en satisfait plus que bien, l’anonymat d’un blogueur-auteur perturbe à ce point.
La blogosphère et tout le tremblement, l’espace de toutes les libertés ? Tu parles ! Mais c’est d’un conformisme tout ça !
On veut bien célébrer les atypiques mais seulement s’ils sont agréés. On cultive l’ethnocentrisme bloguien pour disculper les égocentrismes individuels, alors quand un Brad-Pitt renonce à un narcissisme de contexte in real life, ça énerve. Et ça énerve d’autant plus, que ça cache forcément quelque chose, au vu de ce qui s'écrit un peu partout.
Et quand l’intelligentsia, les grands maîtres à penser de la sphère - ceux du genre à ânonner trois lignes d’introspection, ou un jet d'acide à la gloire de leur propre pertinence à parler de tout ce qu'ils seraient incapables de faire, le tout pour la statistique et la visite de leurs courtisans quotidiens - se penchent sur la prose de BPD pour tenter une définition de la littérature d’aujourd’hui et de demain, on se demande où se trouve l’imposture.

Brad-Pitt Deuchfalh, c’est l’avatar absolu et un auteur à part entière.
Brad-Pitt Deuchfalh est Brad-Pitt Deuchfalh. La belle affaire… L’avatar sort de la blogosphère en publiant un livre, et ne se plie pas à l’usage du coming-out. Il ne se montre pas. L’avatar ne décline pas son pedigree, ses goûts et ses couleurs. L’avatar ne fait pas comme tout le monde. Il est connu en restant inconnu.
L’auteur talentueux de la vraie vie d’un garçon de quinze ans, et roi de la déconnade joue le jeu jusqu’au bout.
Merde, mais que ça fait du bien !
Pourquoi ne pas voir une forme d’humilité à rester en retrait de son œuvre ? A laisser parler l’écrit et se considérer comme le simple porteur d’une histoire ?
Pourquoi faut-il toujours une explication à tout ?
Qu’est ce que ça peut faire que l’auteur soit hermétique quand ce qu’il donne à lire est tellement généreux et touchant ?
Et si l’anonymat était une façon d’aller plus loin dans le récit ?

Moi j’ai aimé que l’auteur de ce livre (et du blog) soit anonyme.
Tout au long de ses rocamboleries et insignifiances, il est Brad, il n’est que Brad. L’auteur est le personnage au moment où il raconte. Aucune superposition d’image sur celle qu’on imagine de Brad le narrateur. Il peut y avoir symbiose d'imaginaires. Pas de parasitage.
Ce livre est une merveille. Le Petit Nicolas peut aller se rhabiller. Je préfère ranger La Vie Rocambolesque et Insignifiante de Brad-Pitt Deuchfalh à coté du Petit Prince ou de Tistou Les Pouces Verts. Tous les secrets de l’enfance habitent ce livre.

Une lecture pour tous ceux qui ont été des enfants et des adolescents. 
Et pour les enfants et les adolescents.

Et pour Noël, ça le fait aussi.

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Bénédicte Desforges

#vies de livres