Bagatelles pour un massacre de blogueurs
8 Juin 2009
Quel pataquès, dis donc. Ils n’ont pas bien supporté. Ils le savaient peut-être tout ça, mais ils ne voulaient pas qu’on leur dise. Ou alors, ils ne le savaient plus, va savoir… la force du nombre engendre sournoisement d’autres normes.
Dans ce petit monde trafiqué et verbeux qu’on imagine être un monde, on laisse son petit journal (extime, dites-vous) grand ouvert sur une page choisie pas du tout au hasard, ses révoltes de clavier, ses rebellions hors sujet du courage, signés de frileux pseudos, et on gémit que la passante mal embouchée que je suis ait pu les lire. Et ait pu dire beuark. Foutaise !
Sur un blog, n’importe lequel, la thématique qui intéresse tout le monde, c’est le blog.
Et là, ça rapplique dans tous les sens, et ça rigole, ou ça s’offusque et ça pousse des petits cris..
Alors tout vexés qu’ils étaient, ils ont lu et relu. Tout comme le lecteur du Parisien qui se précipite sur l’horoscope, parce que c’est la seule page du journal qui parle de lui. Avant de passer aux faits divers.
Passionnant.
Belle leçon.
Et plus ils se décarcassent, se malmènent la pauvre traguitte, plus ils sonnent affreusement factices de tous leurs organes et tambours... Plus ils sont pénibles à regarder... plus ils déconnent intimement et plus ils s’ébullitionnent de rage et de haine !... qu’on s’en doute et s’en aperçoive... Ils ne peuvent plus émettre jamais que de "l’informe", c’est indiqué dans les oracles du magma, de "l’inorganique"... Ils ne sont plus assez vivants pour engendrer autre chose que des histoires creuses et qui ne tiennent plus debout... Ce sont des grossesses nerveuses, infiniment prétentieuses, autoritaires, susceptibles, délirantes, d’orgueil. »
Louis-Ferdinand CÉLINE, Bagatelles pour un massacre 1937
(évoquant des écrivains parisiens, ses contemporains bobos)