1 Mai 2008
La police nationale vient encore de subir un sale coup. Un de plus.
Un film qui met en scène la police en uniforme. Comme si elle n’était pas assez malmenée comme ça… Décidément, rien ne nous sera épargné.
Après Clichy-sous-Bois, Villiers-le-Bel, et la dramatique stagnation du pouvoir d’achat des fonctionnaires de police, voici Un Roman Policier.
Bon, comme promis je vous raconte le film, ça vous évitera ainsi de claquer bêtement le prix d’une place de cinéma. Si j’ai oublié des scènes, ne m’en veuillez pas trop, quand je fais une défragmentation du disque dur des boyaux de ma tête, je vire ce qui est inutile.
Alors voilà. Ça se passe dans un petit commissariat de la banlieue marseillaise. Mais alors vraiment tout petit, genre une brigade de cinq ou six à tout casser, un brigadier, un officier avec des seins, pas de commandant ni de taulier, et même pas de figurants pour que ça ait l’air vrai, un type qui viendrait déposer une plainte par exemple, comme ça, l’air de rien, pour faire un peu d’animation. Que dalle.
La première scène nous montre une intervention chez des jeunes-des-cités en train de fumer des spifs sur un canapé. Les flics rentrent à la queue leu leu dans l’appartement, très certainement pour y trouver des produits stupéfiants, ou le mandat de justice qui leur permettait d’entrer sans frapper. Un jeune mal intentionné se saisit d’une arme à feu et flingue un flic pendant qu’un autre flic le flingue avec une synchronicité parfaite. Les deux corps s’écroulent dans un même bruit. Deux morts. Un partout, balle au centre.
C’est chaud bouillant, ça commence très très fort.
La femme lieutenant arrive, et prend le collègue qui a tiré dans ses bras pour le consoler, pendant que les deux morts s’en vont dans des bâches à macchabées. Peu de temps après, vu que c’est très très chaud dans la cité, et qu’il faut ramener le calme républicain, un gardien de la paix stagiaire arrive en renfort à la brigade. C’est un jeune flic d’origine maghrébine, parce qu’il y a un facho dans la troupe, et qu’il faut croire que le CSA impose des quotas ethniques et politiques dans les films français. Le lieutenant qui est du genre femelle plutôt moche tombe tout de suite amoureuse du stagiaire qui se la pète beau gosse sûr de lui. Elle bégaye et balbutie tant qu’elle peut quand elle lui parle, et lui se dit qu’elle va tomber comme une mouche. Ensuite, il y a une scène où on la voit au lit avec son mari officiel qui est très laid et qui a des poils sur les épaules. Beuark. Elle, elle porte une nuisette qui ne va pas du tout à son type de physique. C’est peut-être pour montrer que les femmes flics sont des pétasses comme les autres. Merci. Après, je sais plus. Après, il y a un trafic de drogue dans une piscine, qui est dénoncé par une mamy marocaine sous-titrée qui est plutôt rigolote avec ses grosses lunettes. Le maître-nageur est le dealer, en fait. La police s’y rend aussitôt avec le gyrophare en pleine nuit, pour mieux se faire flinguer à l’arrivée. Donc, ça se met à tirer à l’artillerie lourde et les flics ripostent cachés derrière les voitures comme dans les films. Et c’est tellement la guerre que les flics font dans leur froc. D’ailleurs, pendant tout le film, les flics ont peur. C’est peut-être pour montrer que ce sont des couilles-molles comme tout le monde. Le jeune stagiaire qui lui n’a peur de rien, poursuit un bandit vers le grand bain où on n’a pas pied, pendant que les anciens s’occupent à avoir la pétoche. La lieutenant suit le jeune flic parce qu’elle est le chef. Le bandit la choppe et lui met son flingue sur la tempe. Le flic lui colle une balle au milieu du front, et le méchant tombe raide mort dans la piscine avec la fliquette. Le stagiaire plonge et la sauve de la noyade, et laisse l’autre couler. Après, ils partent tous les deux se réchauffer sous la douche, et tirent un coup en attendant la police judiciaire. Ils restent habillés pour pas se faire pécho à poil par la PJ. Sur ce, Olivier Marchal arrive. Il joue le rôle d’un officier des stups alcoolique qui est maqué avec une nénette qui tient un bar arabe. Un soir, les flics vont danser en uniforme dans ce bar (un peu comme dans Chez Zoubida, page 76 de FLiC chroniques de la police ordinaire) et ils sortent complètement torchés. C’est peut-être pour montrer que les policiers sont des alcooliques comme tout le monde. La femme lieutenant rentre chez elle, et fait une fellation à son mari pendant qu’il dort. Après, je sais plus. Après, le jeune flic héroïque qui résout toutes les affaires de came du secteur pendant que le reste de la brigade magouille ou prend du prozac, s’ennuie avec un collègue en garde statique dans un hôpital. Du coup, il se roule un joint (un peu comme dans Garde Statique, page 111 de FLiC chroniques de la police ordinaire). L’ancien, qui a des années de banlieue à son actif n’a jamais vu de pétard de toute sa fucking life. Il est tout éberlué. Il essaye donc, et part se coucher dans un lit d’hôpital. Il a tellement fumé le salopiot qu’il faut le secouer pour le réveiller. Après, je ne me souviens plus. Après, la lieutenant quitte son mari et son enfant parce qu’elle a décidé d’arrêter d’être une crevarde, et de repartir à la conquête de sa libido. Pendant ce temps-là, le jeune flic ramasse l’OPJ joué par Olivier Marchal qui vient de se faire jeter par sa meuf parce qu’il foutait le souk dans le bar, et qui gît sur le trottoir complètement bourré. Ils partent bras dessus, bras dessous et discutent de poils pubiens assis sur un escalier. Après c’est presque la fin. Et à la fin, le jeune flic qui a fini sa période de stage et a pleinement satisfait sa hiérarchie part vers de nouveaux horizons. La femme lieutenant pleure un peu, mais de toute façon il n'était pas fait pour elle.
Fin.
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Et voilà. J’ai lu des critiques enthousiastes de ce film, vous pouvez les croire si ça vous chante. J’ai lu que la police en tenue avait rarement été mise en film avec autant de justesse et de sensibilité. Des conneries. Un scénario creux et décousu, un film fait de peu de moyens, des acteurs inconnus, tout ça n’influe pas tant que ça mon jugement. Mais prendre le prétexte de la police en tenue et de la femme-flic (le vieux mythe foireux) pour pondre une ineptie qui ne contient pour seul réalisme que celui du fantasme et de pré-supposés, ça m’insupporte.
Qu’importe la fiction, mais qu’au moins le scénario soit assis sur des bases crédibles pour que l’échafaudage tienne au-delà du générique de début. Qu’au moins on sous-paye un conseiller technique police, pour qu’il relève les erreurs les plus flagrantes, et les clichés les plus grossiers du scénario.
Enfin… il y aura toujours un public pour ça. Pour applaudir des deux mains tout ce qui peut lui présenter une police qui obéit au formatage des esprits.
Mais aussi, même si ça ne change en rien les projets et réticences des producteurs, il y aura toujours des flics en uniforme pour vomir leurs représentations à l'écran.
Et merde.