“television et cinema”

5 Octobre 2008

  La semaine dernière, j’étais invitée à une avant-première.
  J’aime beaucoup être invitée aux avant-premières.
  Si un réalisateur passe par là, il peut consulter mes p’tites chroniques ciné-télé-polar, et m’envoyer un p’tit mail pour m’inviter, c’est toujours un plaisir.

  Avant le générique, il y avait un petit aréopage très select de blogueurs dits "influents". (Toujours les mêmes, ils doivent payer en fait, ou être livrés en kit avec le champagne). Alors j’ai sauté sur l'un d'entre eux et je l’ai tapé pour le mettre dans l’ambiance. Et puis j’ai eu une discussion à l’eau de rose avec Fred de Mai qui n’a pas toujours eu toute sa tête, surtout quand il me chiait dans les bottes pour avoir écrit et publié un recueil de chroniques de  flics à l'eau de rose, mais comme il l’a très courtoisement admis, et qu’on a fait connaissance avec plein de pipeules du chobiz, maintenant avec Fred on est super copines.
  Bref, on a des blogs lus par des milliards de gens à travers l’univers, il est normal que les sociétés de production fassent appel à nous, et que nos avis vous soient imposés avant tout autre. Faut pas déconner. Et puis pour l’image du blog, les comptes-rendus d’avant-premières, c’est toujours mieux que la pub, vous savez, ces fameux billets sponsorisés écrits avec les pieds pour le plus grand discrédit des marques (vous fâchez pas les modasses, cinquante euros, c’est cinquante euros, le trip julot casse-croûte, on peut comprendre…)

  J’ai donc assisté à l’avant-première de Flics. C’est une série policière conçue pour TF1 à partir d’un scénario d’Olivier Marchal.
  Précision utile, et pour la petite histoire : il parait qu’Olivier Marchal a très vite quitté le projet de cette série, estimant que son idée avait été trahie. Il aurait filé à la chaîne un scénar bien noir où il pleut beaucoup, bien marchalien et dramatique, où à la fin tout le monde est flingué avant de mourir d'une cirrhose, mais pour que la chose plaise aux ménagères de moins de cinquante ans, le document serait passé entre les pattes d’un scénariste de Joséphine Ange Gardien. Et puis finalement, ça lui plait plutôt à Olivier... Alors que moi je croyais qu’il n’était pas content, et qu’il avait boudé l’avant-première pour pas qu’on lui jette des strapontins à la figure. Mais il y avait Catherine, normal, elle est commissaire au moins divisionnaire, pendant quatre fois 52 minutes. Alors elle est venue avec les autres comédiens. Ah oui, Catherine, Catherine Marchal hein, mais je dis Catherine parce que c’est ma copine d’abord puisqu'on se tutoie, même que la semaine prochaine on déjeune avec Jean-Paul Belmondo. Et vous seriez bien naïfs de ne pas le croire.

  Le sujet de la série est sensiblement le même que celui du long métrage 36 Quai Des Orfèvres (Olivier Marchal 2004). Deux flics, frères ennemis, passé fumeux, des morts, des fantômes, des femmes de leur vie très certainement mais on n’a vu que deux épisodes sur quatre, l’un à la tête de la Brigade de Répression du Banditisme, l’autre à la Brigade Criminelle, se tirent la bourre, se tirent dans les pattes, et se tireraient bien les deux petites stagiaires OPJ fraichement sorties d’école qu’on leur a malicieusement affectées dans leurs services. Une blonde et une brune qu’on dirait qu’elles viennent d’obtenir le brevet, tellement qu’elles ont des têtes à couettes à jouer dans Hélène Et Les Garçons. Bref.
  Il y a Frédéric Diefenthal en chef de la BRB qui s’est déguisé en Capitaine Haddock, avec une barbe et un bonnet marin pour passer inaperçu en filature, caricatural à un point que le cliché en est attendrissant. À un moment quand même, il humilie une bimbo rousse, officier de l’IGS, c’est marrant comme tout. Il dit ce qu’on a toujours voulu dire à l’IGS mais dans les films on ne passe pas en conseil de discipline pour si peu, c’est cool. Du coup, après la projection, je suis allée le féliciter pour son rôle dans Taxi que j’avais beaucoup aimé.
  Et puis il y a une scène dans un bistro où un OPJ roule une pelle à une stagiaire pour faire diversion. On pourrait croire que c'est ce qui m’est arrivé, et que je raconte à la page 189 de Flic, Chroniques De La Police Ordinaire, mais si la scène ressemble beaucoup, il faut reconnaître que ce n’est pas du tout le même texte.
  Moi je dis : « T’étais pas obligé de mettre ta langue ! »
  Et pour TF1 : « Maieuuuuu ! T’étais pas obligé de mettre ta langue ! »
  On ne va pas en faire un plat, hein, c’est la rançon de mon succès interplanétaire, déjà éprouvée dans le navet dont j’avais parlé, où une scène montrait des flics dansant en uniforme dans un bar arabe, et dans une autre, un flic en garde statique tirant sur un spif. Mais tout ça doit être tellement banal, n’est-ce pas, qu’il fallait bien que je m’attende à des coïncidences. Ça ira pour cette fois, mais pour l’avenir, je signale aux scénaristes à l’imagination anémiée que mon avocat est d’une cruauté inouïe quand il est démuselé. Coup de chance, contexte procédurier, il se trouve qu’il a assez mangé cette année, et que je le mets à la diète. Quoique...

  Pour pas que vous soyez venus pour rien, je m’en vais vous conter quelques trucs rigolos.
  J’ai adoré l’autopsie. Le cadavre est un type qui a été cramé lors de l’explosion de sa voiture. Mort carbonisé, quoi. Le voilà donc tout grillé allongé sur l’aluminium. La stagiaire blonde quitte la pièce avec les dents du fond qui baignent dedans, c’est juste une image du métier qui rentre, et de la fin de son innocence. Le médecin légiste s’affaire sur le corps, et d'une seule voix, les OPJ lui demandent :
  « Alors ? Alors ??
  - Il est brulé au troisième degré sur tout le corps.
(standing ovation pour le légiste, s’il vous plait)
  - Avez-vous trouvé quelque chose ?
  - Oui, un passeport albanais. »
  Et là, je me penche vers mon flic de voisin, et je lui demande si pour trouver un passeport ignifugé lors d’une autopsie, ça pourrait signifier que le type l’ait mangé. Mais pour qu’il mange un passeport suspect, ça voudrait dire qu’il savait que sa bagnole était plastiquée, ce dont il ne pouvait se douter puisque ça se passe à Paris et pas en Corse. Et s’il s’en était douté, il aurait pris le métro. Et donc, ça complique prodigieusement l’enquête, d’où l’intérêt de trouver un passeport au cours de l’autopsie pour simplifier la compréhension de l’intrigue. (Vous me suivez ?)
  J’ai aussi beaucoup aimé l’intervention, solitaire et hors service, d’un flic de la Crim allant contrôler une voiture aux vitres fumées stationnée dans la nuit, dont on sait que ses occupants viennent de faire un carnage. Lui : « toc ! toc ! Youhou ! Y’a quelqu’un ? » Et paf, il se fait fumer, c’est ballot mais quel con toud’même, jamais, jamaiiis on fait des choses comme ça.
  Et le meilleur pour la fin. Quelques jours après son affectation la jeune stagiaire blonde se fait draguer par son chef. Il l’emmène sur les quais de la Seine, c’est super romantique, il regarde le ciel étoilé, marque un temps de silence, et d’une voix grave et profonde, il lui dit : « Tu vois les étoiles là-haut. Et bien il parait que quand quelqu’un meurt, une étoile de plus s’allume dans le ciel. »
  Et oui.
  Pour avoir osé dire un truc pareil, et si le personnage de la fille avait été crédible, ou titulaire de son grade dans la fonction publique, elle aurait très certainement jeté le commandant dans la Seine.

bande annonce de Flics, premier épisode le 9 octobre 20h45 sur TF1

audience
jeudi 9 octobre : 
 Le premier épisode a été suivi par 7,1 millions de téléspectateurs, soit 27.7% de part d'audience (32.3% sur les femmes de moins de cinquante ans).
 Le deuxième épisode accuse une chute d’audience de 1.2 millions de téléspectateurs, soit 26.4% de part d'audience (30.0% sur les femmes de moins de cinquante ans).

jeudi 16 octobre :
  Troisième épisode vu par 6.4 millions de téléspectateurs, soit 25.3% de pda (30.7% sur les femmes de moins de cinquante ans).
  Quatrième et dernier épisode : 5.5 millions de téléspectateurs, soit 24.7% de pda (28.9% sur les femmes de moins de cinquante ans).

source : TF1 / Médiamat Médiamétrie 

(image : Frédéric Diefenthal et Sami Naceri dans Taxi)

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20 Juin 2008

scène1

« J’ai adoré votre livre. A-doooo-ré !
Tellement, tellement… émouvant. Et votre façon d’écrire, de raconter, de voir les choses… Tellement, tellement… humaine. Oui, humaine, c’est ça. Ce métier difficile… Mais humain, très humain… Pénible, oui… Comment faites-vous… comment peut-on supporter cette misère… le pire de l’humain… la violence… la mort...

Ça ne doit pas être facile tous les jours… rentrer chez soi le soir avec toutes ces images… être la cible de la critique, des médias… impopularité… mépris… éboueurs de la société comme vous dites, c’est vraiment ça… Fantastique. Et c’est très bien écrit, vraiment très bien écrit, c’est fou. On pleure, on rit, on pleure, on rit. Formidable. Une plume… du style... du rythme. Génial. J’adore.
Authenticité… émotion… humanité…
Les films standards… déjà vu et entendu… connaissent rien… pas authentique… pas crédible… manque quelque chose…
Votre plume m’intéresse… vraie plume… vrai flic… idées… histoires… scénario.
On peut se voir ?
On se retrouve à la prod ? »

[fin de la scène]


scène 2

Paris. Je vérifie l’adresse sur mon bout de papier, et je m’arrête devant l’immeuble. C’est bien là. Je passe devant une plaque dorée. Production. Je monte l’escalier. Tapis épais. Je sonne à une porte. Plaque dorée. Production. La porte s’ouvre. Affiches de cinéma sur les murs. Ambiance. Artiste.
« Bonjour, j’ai rendez-vous avec Truc.
- Vous êtes qui ? »
La secrétaire joue avec sa mèche de cheveux, faussement décoiffée, devant son Mac sur un bureau savamment désordonné.
« Bénédicte Desforges, auteur de FLiC, chroniques de la police ordinaire, je suis peut-être un peu en retard.
- Bougez pas, j’appelle Truc. »
Elle part au bout du couloir en faisant bouger ses cheveux. En attendant, je regarde en biais ce qui traîne sur son bureau. Tasse de café vide, tasse de café à moitié pleine, logo sur les tasses, dossiers, logo de la prod sur les dossiers. Photos de tournage.
« Truc finit un coup de fil avec Los Angeles, et il vient vous chercher.
- Ok, merci. »
Elle se remet à son bureau et répond au téléphone.
« Blablabla… blablabla… Hahaha ! »
Des pas pressés dans le couloir. Jean délavé, chemise blanche, grand sourire.
« Bonjour, désolé de t’avoir fait attendre ! On va aller dans mon bureau. »
On se serre la main. Je le suis dans le couloir. Il fait bouger ses cheveux.
« Installe-toi. Tu veux un café ? Long ? Court ? Sucre ? Myriaaaaaaam ! Deux cafés ! Et qu’on ne me passe pas d’appels. »
Grand bureau. Grande fenêtre. Lumineux.
Canapé, fauteuils, affiches de films, logo.
Il s’assoit, pieds sur la table basse, croise les jambes, joue avec sa mèche. Cigare.
« C’est très sympa que tu sois venue.
- C’est moi qui te remercie de…
- Non, non, vraiment. Je te le redis, j’ai adoré ton livre. Adoré. Flic, quel boulot… »
La secrétaire apporte les cafés sur un petit plateau. Un téléphone sonne.
Elle quitte rapidement la pièce.
« Tu n’as jamais pensé à travailler pour le cinéma ? ça rapporte plus que l’édition, tu sais.
- Je n’ai pas eu vraiment le temps d’y penser, mais…
- Ah, mais tu devrais !
- Peut-être que je devrais, oui, non, je ne sais pas…
- Dis, on parle pas mal des flics en ce moment, il y a eu un suicide je crois ?
- Non, neuf suicides. En un mois.
- Oh putain !
- Oui, c’est… c’est moche.
- Des suicides par arme à feu ?
- Ça dépend. Pas forcément.
- Ah bon ?
- Hé bien hier, c’est une jeune femme flic qui s’est jetée par la fenêtre. Avec son petit.
- Oh putain !
- …
- Et ?
- Ils sont morts tous les deux.
- Oh putaiiiiiiiiin !
- C’est horrible. On ne comprend pas vraiment ce qui…
- Terrible !
- Oui, c’est terrible. En ce moment, il y a…
- Génial ! C’est génial !
- Quoi ??...
- Excellent !
- …
- Première scène d’un film ! J’adooore ! Putain, c’est tellement tellement fort !
- Film ??...
- Un film qui commence par un suicide, quoi ! La femme, son enfant, la fenêtre, c’est super !
- Mais…
- Oui, c’est exactement comme ça que je vois les choses. Caméra à l’épaule. Première scène. Suicide. La fenêtre. Les étages. Beaucoup d’étages. »

[fin de la scène]

texte extrait de Police Mon Amour

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13 Mai 2008

  Il y a quelques jours, je voulais faire un inventaire des clichés vus dans les films policiers français. Et puis mettre mes collègues à contribution pour en faire un catalogue achevé. Et en fait, non je ne le ferai pas.
Je sais aujourd’hui qu’un conseiller technique « police » peut se faire payer mille euros la journée de travail de relecture de scénario.
Donc, on ne va pas fournir aux producteurs et réalisateurs, la liste libre de droits des conneries à éviter dans les scénarios de films policiers. Que cela puisse profiter à un seul d’entre eux me dérangerait (pour rester polie).
Qu’ils fassent bosser des vrais flics contre rémunération, ils ont les budgets qu’il faut.

  Mais quand même, je voudrais un peu évoquer les héros de fictions policières. Les héros français, les envahisseurs, j’ai nommé : les commissaires de police.
  Et la liste est longue, c’est bien simple, il n’y a que ça. Depuis les débuts des Maigret, Moulin, Navarro et consorts, et tous ceux du cinéma dont j’ai oublié les noms, parce qu’ils ont le bon goût de ne pas être aussi récurrents que Harry Callaghan, le héros de polar reste accroché à son galon comme un morpion au dernier poil pubien de la défunte inventivité (oui je sais, c’est lourdingue, mais ça me plait.)
  Encore moins que dans d’autres genres, le héros standard de fiction policière n’a pas pris l’ascenseur social, il est déjà en haut. Il est taulier, il est LE patron. Même s’il a le rôle d’un anti-héros, il est un chef. Ripoux, crasseux, brisé-par-les-affres-du-métier, torturé, alcoolique, camé, partouzeur, il n’en est pas moins commissaire de police. Et il arrive, seul, face au crime, ours solitaire et ténébreux, avec sa besace pleine de clichés. Exemples...
  S’il est parisien, il vit toujours dans un sublissime appartement, genre loft chic et sobre. S’il est en province, c’est souvent sur la côte. Question d’éclairage... Et s’il a touché des pots de vin, c’est pour se faire construire une piscine à débordement avec vue sur la mer, face à laquelle il aura des phrases extrêmement introspectives et définitives sur son déroulement de carrière, et sa mort probable.
  S’il est marié, c’est avec une femme très belle parce qu’il est catégorie A de la fonction publique. Et pour la touche d’exotisme, elle a un léger accent parce qu’elle est peut-être une ex call-girl étrangère et délinquante qu’il a recueillie pour lui obtenir une carte de séjour, et tourner des scènes de copulation sous la douche pour les besoins du scénario. Le commissaire de police de films a souvent un coté Mère Teresa très émouvant. Sa femme a un accent suédois ou italien parce que la prod a trouvé que ça le faisait mieux que l’accent zaïrois ou portugais du Sud (c’est pas moi qui le dit, c’est la prod).
  S’il a des enfants, il les embrasse une dizaine de fois par film dans leur sommeil parce que sa vocation l’a retenu au travail, cette salope qui lui bouffe la vie comme un cancer de l’ambition. Quand ses petits sont réveillés, ils courent vers lui en criant Papa ! Papa ! avec un sourire un peu triste parce qu’ils ne savent pas encore qu’ils vont mourir dans des circonstances atroces.
  Dans le scénario, le commissaire de police fait presque tout tout seul. Il incarne la police nationale de tout son être galonné. Il est d’ailleurs volontiers représenté en grand solitaire ayant un esprit d’équipe très approximatif.
Il conduit seul sa voiture de fonction, se bat seul contre dix, et c’est lui seul qui refroidit les méchants. En gros, ça se passe comme ça.

  Le film policier français parle de police judiciaire, et décline à l’infini le même scénario, celui de l’enquête. Un début (meurtre), un déroulement de l’enquête (où le commissaire de police traque le crime avec un quota de pertes humaines conséquent et énormément de coups de feu tirés) et une fin (la mort du héros-flic ou du bandit ou des deux).
  Vous vous doutez bien que si j’étale ces quelques détails et interprétations, c’est pour parler des grands absents du cinéma et de la télé, la police en uniforme.
Quand les gardiens de la paix apparaissent à l’écran, ils sont figurants.

  Hors fiction, on accorde plus de crédit aux déclarations des commissaires de police faites à la presse par exemple, à propos de leurs effectifs, qu’à celles balbutiées par le petit personnel. Le gardien de la paix n’est qu’un exécutant, un esclave du Chiffre, un matricule. Il ne peut qu’avoir rien à dire…
  Alors de la même façon dans les films, l’omniprésence des commissaires de police est sensée donner une caution de réalisme et de sérieux aux scénarios des films policiers.
  L’uniforme est synonyme de médiocrité, d’inintérêt. L’uniforme n’est pas vendeur.
  L’uniforme n’inspire personne, l’abandon du mythe du héros unique ne tente personne.
  Et pourtant, le réalisme du monde policier se situe essentiellement dans cette approche.
  Qu’importe, après tout, le choix des producteurs d’aimer remâcher indéfiniment du mythe plutôt que de puiser une inspiration nouvelle dans les réalités des vrais flics. Qu’importe qu’ils se foutent de savoir si un genre policier autre peut plaire au public. Mais ce qui est nuisible est que télé et cinéma participent de façon démesurée à forger l’opinion du public sur la police et son fonctionnement. Passe encore d’entendre « votre honneur » dans les tribunaux français, et de se voir réclamer des « mandats de perquisition », mais c’est pourtant une preuve de l’influence de la fiction, et de la confusion qu’elle peut générer.
  Qui sait les nombres relatifs de commissaires et de gardiens de la paix dans la police nationale ?
  Qui sait que 80% des affaires traitées par la police judiciaire leur sont apportées par les gardiens de la paix ?
  Qui sait qu’il y a aussi des flics en uniforme officiers de police judiciaire ?
  Qui sait quel est le grade qui meurt le plus souvent en service ?
  Qui connaît le quotidien des gardien de la paix autrement que par les images cent fois vues des reportages sur les BAC et sur les émeutes en banlieue, à part eux-mêmes et leurs proches ?
  Qui peut affirmer qu’aucun sujet de fiction ne peut s’inspirer de ces inconnus de flics ?

  Une chose est sûre, une seule. L’absence de la police en tenue dans la fiction française est rigoureusement à l’image du désintérêt et du mépris porté à cette police par l’opinion et ceux qui la nourrissent de rengaines réchauffées, et de reportages orientés et répétitifs.


Précisions suite aux premières réactions :

(Histoire que l’on parle bien de la même chose…)

Ce qui précède est de l’ordre du constat.
On ne peut pas avoir les mêmes attentes d’une fiction que d’un documentaire. Ce n’est pas son rôle, pas sa vocation.
Il n’y a pas d’obligation « morale » à faire dire une vérité à la fiction. Heureusement.
Une fiction peut mentir, travestir, ignorer, exagérer. Tant mieux. On en a autant besoin que de vérité. C’est stimulant, ça fait rêver ou réagir.
D’ailleurs, la plupart des clichés du cinéma - policier ou autre - échappe à tous ceux qui n’ont pas un avis éclairé sur le sujet. Les clichés sont une sorte de balises de repérage qui identifient un genre. A force d’être vus, en une ou deux images ils apportent une charge significative qui fait l’économie d’imagination.

On ne peut rien attendre d’une fiction qui ne soit le produit de l’arbitraire d’un sujet qui inspire, et d’une créativité particulière.
MAIS, il n’en reste pas moins qu’elle peut constituer un reflet, une image lisible par ses reliefs et par ses ombres.
Les fictions parlent de culture, d’époque, de mentalité, malgré elles.
Elles parlent aussi de choix culturels, et des intentions de ceux qui les créent et les produisent.

Le constat que je fais de la non représentation de la police en uniforme à l’écran, relève simplement d’une immense inertie du cinéma français à sortir d’un genre qui a fait ses preuves, mais qui manifestement doit encore faire recette.
Et le manque d'audace et de curiosité qu’elle révèle vis-à-vis d’un métier dont je pense qu’il recèle bien plus de sujets adaptables en fiction, que ce qu’on veut bien penser.

De la fiction policière, je n’espère pas la rigueur d’un documentaire, mais juste un peu moins de ce conformisme gavant et attendu.

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